Vulcania : le plus grand planétarium de France !


En 2002, en Auvergne, ouvrait le parc à thème Vulcania. Son architecture semi-enterrée, imaginée par l’architecte autrichien Hans Hollein, visait l’immersion du visiteur dans les entrailles de la Terre et la juste insertion dans le paysage de la chaîne des Puys, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Vingt-et-un ans plus tard, c’est l’agence AA Group qui livre à Vulcania le plus grand planétarium de France. Conçu dans la veine de Hans Hollein, ce bâtiment-paysage présente un socle tectonique de béton brut, coiffé d’une lentille métallique qui s’adresse à l’univers. SOPREMA Entreprises s’est chargé de la végétalisation des toitures-terrasses, qui rappelle la couverture herbeuse des volcans.

Maître d’ouvrage : Région Auvergne-Rhône-Alpes | Architecte : AAGROUP | Photos : J. Damase | Entreprise générale : EIFFAGE CONSTRUCTION

À Vulcania, on ne parle pas seulement de volcanisme. Le système solaire et les phénomènes naturels, au sens large, sont les deux autres thématiques autour desquelles la programmation est construite. Inauguré en 2021, le roller coaster Namazu a permis de traiter des séismes. Mais quel meilleur outil qu’un planétarium pour parler de la Terre dans l’espace ? « Comme à l’accoutumé, nous sommes partis de la connaissance scientifique pour imaginer un événement familial et ludique, explique Frédéric Goulet, directeur commercial de Vulcania. Nous avons développé le concept avec notre équipe scientifique, entourée d’experts comme l’astrophysicien Nicolas Laporte, professeur à Cambridge. Jamy Gourmaud, célèbre animateur d’émissions de télévision comme « C’est pas sorcier » sur France 3, a apporté son savoir-faire en communication grand public. »

En arrivant dans le bâtiment, le visiteur pénètre dans le hall, dont le plafond en pente de plus de 10 m de haut préfigure le voyage vers le ciel. Au sud-ouest, l’espace de documentation, précédé d’une pergola inclinée, s’ouvre sur les volcans endormis de la chaîne des Puys. Au sud-est, les quatre salles d’atelier bénéficient d’un rapport au paysage encore plus ténu avec des vues sur les puys de Côme, de Dôme et de Clierzou. L’atelier « Dans la peau d’un astronaute » propose de découvrir la logistique et les avancées de la conquête de l’espace. Grâce au concours de Thomas Pesquet, grands et petits peuvent se familiariser avec les principales étapes qui jalonnent la mission des astronautes : décollage, vie dans l’espace et retour sur Terre.

On ne rentre pas dans le planétarium en passant directement de la lumière du hall au noir de l’amphithéâtre. La découverte commence par un pré-show d’une dizaine de minutes dans un espace logé au nord-est du bâtiment. Après le visionnage du film de Jamy Gourmaud, arrive le moment tant attendu : l’entrée dans le planétarium qui va immerger quelque 300 personnes dans le monde des étoiles. Les sièges sont plus ou moins inclinés, selon que l’on se situe en haut ou en bas des gradins, de sorte que le spectateur bénéficie du meilleur angle de vision où qu’il soit. L’entreprise RSA Cosmos, grande spécialiste des planétariums, s’est chargée de concevoir et de mettre en œuvre l’écran hémisphérique de 22 m de diamètre. « Nous avons ce qui se fait de mieux au monde », se félicite Frédéric Goulet. « Le CNES, centre national d’études spatiales, a contribué à la validation scientifique des films et à la fourniture de documents d’images », ajoute David Paulet, chef de projet de AA Group. La diffusion est assurée par 12 projecteurs en 10K, qui donnent à l’image une finesse étonnante, avec un traitement des noirs pourtant si difficile à obtenir quand on travaille sur des séquences de l’espace sidéral. »

Vue de profil, la forme conique étêtée du planétarium fait écho à celles des volcans. Mais vues du ciel, son enveloppe métallique et sa volumétrie évoquent un vaisseau spatial. Le niveau bas du projet est réalisé avec du béton gris et du béton lavé anthracite, semblable à celui de Hans Hollein. La coiffe est faite de zinc à joint debout. Cette opposition plastique entre le bas et le haut de l’édifice, entre la « matière tellurique » et la « matière cosmique », est garantie par la faible hauteur des toits-terrasses des espaces annexes (ateliers, documentation, sanitaires, etc.), judicieusement végétalisés. « Des mouvements de terrain ont été créés, souligne Bruno Masson, cofondateur d’AA Group. Une partie du bâtiment est enterrée pour limiter son impact visuel. Nous l’avons travaillé comme un paysage au milieu du parc naturel régional des volcans d’Auvergne. »

Pour réussir cette intégration, les responsables de l’ouvrage ont fait appel à SOPREMA Entreprises, qui s’est chargée d’étancher et de végétaliser 1 300 m2 de toitures-terrasses sur support béton. Le climat de montagne a impliqué la mise en œuvre de relevés d’acrotère de 25 cm, au lieu de 15 cm, ainsi qu’une finition en rive. Les lanterneaux de désenfumage ont été choisis de forme pyramidale, avec des vérins renforcés, afin que la neige n’entrave pas leur ouverture.

Nous sommes partis de la connaissance scientifique pour imaginer un événement familial et ludique.

En raison de l’incendie accidentel du planétarium durant sa construction, SOPREMA Entreprises a dû s’y prendre à deux reprises pour réaliser la végétalisation en rouleaux pré-cultivés Sopranature Toundra, déroulés sur un substrat de 7cm et une couche de drainage de même épaisseur. Ce n’est qu’au début du printemps, deux semaines avant l’ouverture de l’attraction, que l’agence de Clermont-Ferrand a pu couvrir de végétaux les toitures-terrasses qui bordent la lentille en zinc du planétarium. « Compte tenu de la période de pose, et de l’alternance de pluie et de beau temps, le résultat fut spectaculaire en très peu de temps, indique Jean-Marc Secaud, directeur de l’agence de Clermont-Ferrand. Les lignes de vie, qui permettent d’éviter les garde-corps, ont été rapidement masquées par les plantations. »

Nous avons travaillé le bâtiment comme un paysage au milieu du parc naturel régional des volcans d’Auvergne.

Inauguré le 28 avril 2023, le planétarium fut très bénéfique du point de vue de la fréquentation de Vulcania, en augmentation de 20% environ. Autre avantage de ce projet à 9,7 millions d’euros : les files d’attente se sont réduites pour les autres attractions. De nouveaux projets d’investissement sont en cours de réflexion. On évoque des activités, mais aussi des hébergements, afin que Vulcania devienne un vrai parc de destination. Affaire à suivre !