Robot transporteur et façades biomimétiques au CHRU de Nancy


Le Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy se regroupe et se modernise. À terme, le site de Brabois, au sud de la ville, devrait accueillir la majorité de l’activité de médecine-chirurgie et obstétrique. Objectif : rationaliser les moyens techniques et humains et se doter d’outils médicaux ultra-performants, à l’image de ceux qu’offre, depuis le 1er juillet, le nouveau bâtiment de biologie médicale et de biopathologie, dessiné par l’agence d’architecture Art & Build.

« Mutualisation ». Tel est le maître mot qui, selon Pascal Hartmann, responsable des services techniques du CHRU de Nancy, a guidé la programmation de l’édifice hospitalier de 8 000 m2 dédié à la biologie médicale (analyse sanguine) et à la biopathologie (analyse des tissus) sur le plateau de Brabois. « Dix-neuf laboratoires éparpillés sur la commune ont été rassemblés sur un seul et même site, se réjouit-il. Quatre groupements de conception-réalisation ont répondu à l’appel d’offres. Après évaluation par les biologistes et les techniciens, le projet porté par Eiffage Construction et Art & Build est clairement apparu comme le plus fonctionnel : l’ensemble du process d’analyse biologique du sang et les départements qui en dépendent sont situés au même étage. »

De fait, les architectes ont positionné le plateau technique automatisé (PTA), autrement dit le « réacteur » de la chaîne d’analyse sanguine, au centre du bâtiment (au milieu du premier étage). Bénéficiant du réseau pneumatique de l’hôpital (transfert de prélèvements, etc.), ce vaste espace, baigné de lumière zénithale et dépourvu de points porteurs intermédiaires, abrite tout un arsenal de convoyeurs et de machines qui réalisent les analyses sans intervention humaine. Mieux : dépassant le cadre de leur mission architecturale au sens strict, les concepteurs ont réussi à renforcer les liaisons fonctionnelles entre le plateau technique et les différents services de biologie en imaginant faire transporter les échantillons par un robot mobile ! « Sept gares d’accueil ont été définies, explique Nicolas Hubaux, chef de projet d’Art & Build. Le robot, doté de capteurs et d’une cartographie de l’étage, émet une lumière distinctive lorsqu’il arrive en gare. Le laborantin récupère ses prélèvements, en remet d’autres, et le robot s’en va rejoindre un autre département ou le PTA. »

Moins surprenant, le dernier niveau accueille les bureaux du personnel et le laboratoire de biopathologie qui fonctionne en relative autonomie, tandis que le rez-de-chaussée abrite principalement des locaux techniques et logistiques. « La mise en relation du bâtiment avec les structures hospitalières existantes était une autre facette essentielle de notre travail », ajoute Nicolas Hubaux. Connexions avec l’Institut de cancérologie de Lorraine (ICL), la barre Brabois, le pavillon de soin des détenus… : les architectes ont favorisé la simplicité des parcours, malgré la densité et la complexité du programme. Deux passerelles de liaison ont ainsi été réalisées, l’une avec l’ICL et l’autre avec le secteur d’hospitalisation des adultes.

Au-delà du registre fonctionnel, les maîtres d’oeuvre se sont évertués à donner une dimension symbolique aux façades principales. Ils se sont tournés vers un logiciel paramétrique (Grasshopper, un plug-in de Rhino) pour dessiner quatre d’entre elles selon le diagramme de Voronoï, en écho au monde du vivant et aux tissus biologiques. Le dessin informatique obtenu a été corrigé manuellement, de façon à supprimer les effets en dents de scie des contours des surfaces perforées (les droites délimitant les cellules ont été rectifiées pour présenter des angles de 0°, 30°, 60° et 90°). En tout, 35 types de cassettes en aluminium thermolaqué ont été mis en oeuvre par l’agence nancéienne de SOPREMA Entreprises, qui a relevé le défi de remplacer une entreprise défaillante au pied levé, tout en respectant le planning initial des travaux. « Nous étions dans une course contre-la-montre pour mettre hors d’eau et hors d’air le bâtiment, et faire en sorte que le second oeuvre des espaces intérieurs puisse commencer. Or, très peu de fabricants étaient capables de fournir des cassettes sur mesure avec découpe laser dans les délais », résume Arthur Grosjean, conducteur de travaux de l’opération.

Après réception des supports en béton, les compagnons de SOPREMA Entreprises ont posé une ossature primaire en acier galvanisé et un isolant minéral de 160 mm, protégé par un parepluie. L’ossature secondaire, laquée en noir elle aussi (transparence des perforations oblige), a été réglée millimétriquement au laser. Pour un rendu impeccable, sans désafleurement ni discontinuité des dessins organiques, qui permettent à tout un chacun d’identifier immédiatement la vocation du bâtiment.

Au final, SOPREMA Entreprises a posé 2 000 m² de cassettes perforées avec un calepinage de haute précision pour respecter les dessins des architectes. Elle a également mis en oeuvre 2 800 m² d’étanchéité avec isolation polyuréthane de 140 mm sous gravillons et 220 m² de toiture végétalisée.