Interview de Lionel Sindt, responsable technique chez SOPRANATURE®


Comment est né le projet de recherche qui a abouti au développement d’un procédé de traitement des eaux usées en toiture ?

C’était une commande interne de notre président, Pierre-Etienne Bindschedler. SOPREMA est un acteur important de la gestion des eaux pluviales et des toitures végétalisées. Étendre cette compétence au traitement des eaux grises était finalement assez naturel.

Comment avez-vous procédé ?

Nous avons travaillé avec un partenaire, Aquatiris, et avons été accompagnés par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et par le Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains (Leesu). Il s’agissait pour nous de développer de la connaissance dans ce domaine et de répondre aux directives de Anses, reprises par l’Agence régionale de santé (ARS). Laquelle impose un minimum bactériologique après traitement des eaux par filtre biologique. Ce qui nous a conduits à réaliser de nombreuses analyses pendant l’épuration et après. Puis nous avons affiné de façon à répondre à toutes les exigences de désinfection de l’eau, arrosage et chasse d’eau. Pour y parvenir, nous avons diversifié les plantes, ce qui permet une meilleure oxygénation de l’eau et d’apporter un caractère esthétique.

Au plan technique, quelles sont les contraintes lorsqu’on installe un système de phyto-épuration sur le toit ?

Il y a d’abord la collecte de l’eau grise qui impose un double réseau et un local technique. Sur le toit, les contraintes portent sur la profondeur du bassin pour planter les végétaux et assurer la filtration horizontale et verticale. Le substrat est composé d’un mélange de matériaux légers et poreuF, de 20 cm d’épaisseur. Le poids du bassin planté est d’environ 350 kg au mètre carré à saturation d’eau, la structure doit donc être prévue en conséquence. Une fois épurée, l’eau repart par gravité via un autre système de collecte. Une électrovanne permet de maîtriser le temps de contact entre l’eau et le massif filtrant, en contrôlant la vidange partielle ou totale du filtre planté et en dirigeant les eaux traitées vers l’étape de post-traitement. Dans cette dernière étape, l’eau traitée sur le toit arrive gravitairement dans le local technique situé en sous-sol du bâtiment, où elle est désinfectée et filtrée. Cette eau alimente les réservoirs des chasses d’eau de l’ensemble du bâtiment, évitant ainsi l’usage de l’eau potable. Avec ce système, nous espérons économiser 30% des besoins en eau quotidien et participons concrètement à la préservation de la ressource en eau potable.

Lionel Sindt, responsable technique
solutions de toitures et façades végétalisées chez SOPRANATURE®