Immeubles de grande hauteur : toujours plus haut


Besoin de densité oblige, les immeubles de grande hauteur (IGH) sont à nouveau dans l’air du temps et gagnent toutes les métropoles. Plus ou moins hautes, souvent très originales, ces constructions changent la physionomie des villes. Et ces ouvrages, qu’ils soient neufs ou rénovés, demandent un traitement spécifique auquel SOPREMA Entreprises sait répondre.

 

Photo : iStock

 

Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg… Aucune métropole hexagonale ni même européenne n’y échappe : les tours, appelées aussi « immeubles de grande hauteur » (IGH), sont de retour. « C’est une tendance forte ; il y a beaucoup de projets de cette nature, notamment en région parisienne », constate Stéphane Fayard, directeur national façade SOPREMA Entreprises. La raison principale est la nécessité de densifier la ville afin de réduire ou d’éviter l’étalement urbain. Par ailleurs, les tours signent la modernité et l’attractivité des villes qui se font concurrence. Construire des tours, c’est ainsi affirmer son dynamisme. Et il y a aussi les plus anciennes, parfois vieillissantes, que l’on rénove, dont on augmente parfois la hauteur et aussi, et surtout, la qualité patrimoniale. Pour les architectes, les bureaux d’études et les entreprises, ce sont autant de problématiques architecturales et techniques et d’opportunités en perspective, qu’il s’agisse de structure, d’enveloppe ou de méthode chantier.

Mais commençons par le commencement…

Qu’appelle-t-on un IGH ? La définition en est donnée par l’article R.122-2 du Code de la construction et d’habitation (CCH) : « lorsque la hauteur entre le sol et le plancher bas du dernier niveau de l’immeuble dépasse un certain seuil, l’immeuble est classé dans la catégorie des IGH ». Ce code distinguait, jusqu’à récemment, trois catégories d’IGH : tous les immeubles, sauf à usage d’habitation, à partir de 28 mètres de hauteur, les IGH à usage d’habitation à partir de 50 mètres et les immeubles de très grande hauteur (ITGH) à partir de 200 mètres. « Mais l’incendie de la tour Grenfell, à Londres, est passé par là et la loi Elan du 23 novembre 2018 a donc créé une nouvelle catégorie : celle des immeubles d’habitation de moyenne hauteur (IMH) de 28 à 50 mètres », explique Stéphane Fayard. Pour le législateur, cette nouvelle catégorie devrait aussi faciliter la reconversion des locaux de bureaux en bâtiments d’habitations. Et qui dit IGH dit sécurité ad hoc. La réglementation incendie les concernant est bien sûr intimement liée à ces définitions. Sur ce point, la construction et les mesures de protection des IGH – arrêté du 30 décembre 2011 appelé « règlement de sécurité IGH qui classe les IGH en 10 familles de bâtiments (hôtellerie, habitations, bureaux, etc.) » – ne visent qu’un seul objectif : assurer la sécurité des occupants et du voisinage contre les risques d’incendie.

Outre l’aspect réglementaire, ces ouvrages requièrent un savoir-faire technique spécifique ; c’est dans ce domaine que SOPREMA Entreprises intervient à plusieurs niveaux : façades, étanchéité et charpente métallique. Côté charpente métallique, SMB, filiale de l’entreprise, travaille notamment sur un ouvrage singulier à Lyon, la tour Silex (voir ci-contre) : « C’est une première en France : une tour de 112 mètres de hauteur, entièrement construite en charpente métallique. Nous réalisons l’ensemble des prestations, études et fabrications, en interne », se félicite Florent Girbe, chargé d’affaires SMB. Ce projet met notamment en œuvre, conformément aux vœux des architectes, deux poteaux treillis de type Warren, d’une taille inédite. Une première !

Autre domaine de compétence, la façade. Ici, les spécificités tiennent davantage à l’ampleur des bâtiments qu’aux procédés. « Pour les IGH, le panel de matériaux que l’on peut mettre en œuvre s’est un peu élargi, constate Stéphane Fayard. Néanmoins les systèmes comprenant ossature isolant et parement doivent toujours respecter l’IT 249, être incombustibles , et nous devons prendre en compte dans notre calcul la résistance au vent en partie haute. Ce qui implique une densification des ossatures et points de fixation des panneaux, mais cela ne change pas fondamentalement l’approche technique habituelle de notre métier. »

En revanche, en ce qui concerne les chantiers, c’est différent : « en réhabilitation, le type d’échafaudage et l’accès au chantier sont très importants ». Dans le neuf, les façadiers suivent les modes opératoires mis en place par l’entreprise générale, le plus souvent des plateformes sur mâts. Mais selon la configuration des tours, cela peut être très spécifique – par exemple la plateforme de travail dédiée mise en place par CCS International, filiale de SOPREMA Entreprises (voir encadré). Dans tous les cas, la place est au sur mesure.

 

120 mètres de vide sous la plateforme en acier

Émergeant dans le quartier d’affaires de La Défense, la tour Saint-Gobain, en voie d’achèvement, culmine à 165 mètres. Dans sa partie haute, elle est dotée d’un grand bloc en porte-à-faux tout de verre et d’acier, abritant des salles de réunion et un jardin suspendu. Très vite s’est posée la problématique de la mise en œuvre des façades sur ce bloc en décalage avec le corps principal du bâtiment. Problème résolu par l’entreprise de charpente CCS International, qui a fabriqué une structure provisoire en métal. Cette dernière vient en surplomb sur le pourtour à 120 mètres de hauteur pour permettre au personnel de travailler en sécurité et d’éviter les chutes d’objets sur les passants. L’ensemble, qui est aujourd’hui démonté, était constitué de consoles ancrées dans le noyau central en béton, sur lesquelles étaient solidarisés les planchers et passerelles, avec un souci du détail remarquable : « Sous chaque assemblage, nous avons installé un panier de sécurité pour éviter les chutes éventuelles de boulons », se souvient Dejan Kostovski, chargé d’affaires CCS International. Cette structure servait aussi de support d’appui aux quatre bi-mâts sur les deux façades décalées dans le vide. Ce qui a donné une difficulté supplémentaire au montage et rendu l’ouvrage encore plus impressionnant en exploitation.

Maître d’ouvrage : Groupe Saint-Gobain
Maître d’œuvre : Valode & Pistre
Photo : CCS International

 

 

 

 

Silex II, 100 % charpente métallique

Situé à Lyon, au cœur du quartier de la Part-Dieu – le centre d’affaires de la ville –, l’ensemble immobilier baptisé «SilexII» sera constitué, à terme, d’une tour existante réhabilitée et rehaussée, d’une extension accolée et d’un immeuble à R+9 qui vient faire le lien avec son voisin Silex I. Il s’agit d’un ouvrage unique doté d’une charpente 100 % métallique. Celle-ci répond à une écriture architecturale contemporaine, caractérisée par l’utilisation de rythmes réguliers et de contrastes de matières et de textures : « Silex II est un signal fort dans la “skyline” de Lyon », soulignent les architectes. Sa force provient en grande partie des deux poteaux treillis monumentaux, auxquels sont reliés les planchers collaborants des 25 niveaux : «De type Warren, d’un poids total de 400 tonnes, ces poteaux sont constitués d’éléments que nous assemblons au fur et à mesure avec des boulons HRC précontraints, un système rarement utilisé en France», explique Florent Girbe, chargé d’affaires SMB, qui réalise l’ensemble de cette structure hors norme.

Maître d’ouvrage : Covivio
Maître d’œuvre : Arte Charpentier Architectes & MA Architectes
Entreprise générale : Eiffage Construction
Photo : M-A Architectes

 

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Structure légère en métal pour la Canopée

Tout le monde à Strasbourg connaît la tour de la Maison du bâtiment. Cette dernière subit actuellement une profonde mutation à laquelle l’agence SOPREMA Entreprises de Strasbourg et la société BCM ont pris part. Original, le projet architectural vise à en changer complètement les usages (transformation de bureaux en logements) et à en restaurer l’image. Résultat: l’ensemble immobilier est pourvu d’un quatorzième étage en creux et d’une toiture jardin généreusement arborée, d’où le nom du bâtiment «Canopée ». Ce nouvel étage est constitué d’une structure métallique légère poteaux poutres traditionnelle, stabilisée par les deux cages d’ascenseur en béton et ancrée dans les façades, elles-mêmes en béton. L’isolation et l’étanchéité en toiture sont assurées par un complexe de toiture inversé, apte à recevoir le poids nécessaire pour la constitution de la toiture jardin. Les façades sont également repensées. Ainsi, le projet architectural rompt avec la verticalité, en créant des espaces spécifiques d’avancées et de reculées pour y recevoir des loggias. Des « boîtes métalliques » entièrement préfabriquées sont ainsi “pluggées” à la façade par un système d’ancrage.

Maître d’ouvrage : Edifipierre
Maître d’œuvre : Archicub, Francis Parent Architecte
Photo : Archicub