Hôtel Chais Monnet : Une autre manière d’accueillir


Cognac a désormais son hôtel 5 étoiles. Après deux ans de travaux et 60 millions d’euros d’investissement, les anciens chais Monnet, datant de 1838, ont été reconvertis en un luxueux complexe de 92 chambres et 13 appartements à louer à la nuitée. Un projet, signé Ertim Architectes, qui offre tous les services des meilleurs établissements sur plus de deux hectares de terrain : restaurant gastronomique, brasserie, bar à jazz, fumoir à cigares, piscine, spa, jacuzzi…

Miser sur de vieilles fabriques pour en faire un vecteur de développement économique. Tel pourrait être en résumé le sens du projet de transformation des chais Monnet — restés propriétés familiales jusqu’au début des années 1960 —, dans lesquels Jean Monnet, le père de la construction européenne, fit ses débuts professionnels. Passé successivement entre les mains de Scharlachberg et de Hennessy (d’autres fabricants de spiritueux), le site désaffecté est racheté en 2004 par la ville de Cognac, qui imagine plusieurs scénarios de reconversion (logements, espace culturel, etc.). Mais c’est finalement le projet d’hôtellerie de prestige porté par un investisseur azéri et le cabinet Ertim Architectes, qui, en vertu de son important potentiel de création d’emploi, recueille l’adhésion des élus : « À Cognac, l’offre hôtelière était insuffisante. Seul le François Ier proposait un hébergement 4 étoiles, indique Carlos de Jesus, directeur de projet d’Ertim. Beaucoup de visiteurs bordelais venaient pour la journée, mais repartaient le soir. »

OEunotourisme oblige, l’agence d’architecture parisienne a mis un point d’honneur à conserver les principaux bâtiments du XIXe siècle, en luttant contre le torula compniacensis, ce champignon microscopique qui se nourrit des vapeurs d’alcool, noircit les murs, les barriques et les charpentes. Deux des quatre chais centraux, la tonnellerie, la conciergerie, le « chai cathédrale » et la maison de mise en bouteille ont notamment été réhabilités au prix de lourds travaux. Après dépose et mise en décharge des vieilles couvertures, tous les bois de charpente des deux chais centraux ont par exemple été démontés, avant traitement par sablage. Les anciens sols en terre battue ont été remplacés par des planchers avec revêtements neufs, dallages en grès cérame ou parquets à points de Hongrie. Dans le « chai cathédrale » de 9 m de hauteur sous plafond, transformé en restaurant gastronomique sous la direction du chef cuisinier Sébastien Broda, les tonneaux de grande capacité en chêne de la forêt de Tronçais — appelés les « foudres » – ont été désossés un à un pour être restaurés et utilisés comme éléments décoratifs architecturaux.

Autre illustration de l’ampleur du chantier : l’excavation du terrain sur le flanc est du « chai cathédrale » pour loger les cuisines et les locaux techniques. « Neuf mètres de dénivelé séparent le point haut du point bas de la parcelle, explique Carlos de Jesus. La pente naturelle permettait de structurer les différentes étapes de fabrication du Cognac. Les matières premières rentraient sur l’avenue Paul-Firino-Martell et la mise en bouteille se faisait à l’autre extrémité, rue Basse-Saint-Martin, à proximité de La Charente. »

Assez logiquement, les architectes ont repris ce principe d’organisation longitudinale pour imaginer leur projet comme une promenade. L’entrée principale, située au 50 de l’avenue Paul-Firino-Martell, à deux pas de la fondation d’entreprise Martell – la plus ancienne des grandes maisons de Cognac –, ouvre sur un parking arboré et une longue perspective aménagée entre les deux chais centraux. Le visiteur est accueilli dans un vaste volume de verre transversal, depuis lequel, sous couvert d’une verrière, il rejoint le « hub », petit cube transparent formé de murs rideaux, qui, doté d’un escalier et d’un ascenseur enserrés d’un paravent de bois, dessert la majeure partie des espaces partagés du complexe hôtelier (piscine, restaurants, etc.). Le parcours s’achève avec la maison de mise en bouteille et le « chai cathédrale », en amont duquel Ertim a interposé deux bâtiments d’expression contemporaine, flanqués d’arabesques en acier de teinte rouille, qui évoquent les ceps de vignes et les charpentes des bâtiments anciens.

Invité par Vinci Construction à participer à ce chantier d’exception en tant que sous-traitante pour le lot « étanchéité et protections », l’agence de Saintes de SOPREMA Entreprises a travaillé à l’avancement du gros oeuvre, correspondant peu ou prou au séquençage architectural d’Ertim. Outre le traitement des toitures-terrasses inaccessibles au moyen de dalles sur plots et de rouleaux précultivés de végétaux, elle s’est chargée d’étancher les bassins qui agrémentent l’allée principale. On lui doit encore la pose des dalles en béton lavé de la terrasse de la brasserie, les platelages en Ipé des 28 balcons des chambres aménagées dans les chais centraux, ainsi que la réalisation des sols en Cumaru de la toiture-terrasse du bâtiment contemporain nord. Pensée comme un véritable lieu de relaxation en plein air avec vue panoramique sur la ville de Cognac, ce roof-top « est équipé d’un bar à cocktails, de tables basses, chaises et bancs avec rejets de ventilation incorporés », précise Jean-Marc Duboureau, chargé du projet. Sa végétalisation colorée et touffue, de type arbustif, a été obtenue par la pose de SOPRANATURE® Lande.

Voir les autres articles complémentaires du numéro