Étanchéité à l’air, vecteur de confort et d’économies d’énergie


Garantir l’étanchéité à l’air d’un bâtiment, c’est aller bien au-delà de la simple recherche d’économies d’énergie. Car en plus de cette dernière, l’étanchéité à l’air est aussi un gage de qualité de la construction et d’un confort d’usage. Résultat : les règles de l’art et les systèmes évoluent pour en finir avec les fuites d’air.

 

Photo : Alain Gouillardon

 

Les concepteurs se rendent compte de l’effet réel et positif que peut avoir l’étanchéité à l’air sur les bâtiments fortement isolés », constate Denis Lehnen, directeur technique de SOPREMA Entreprises. Bien exécutée, elle a un rôle primordial en termes d’économies d’énergie, mais pas seulement. « Avec le retour d’expérience, nous constatons que l’étanchéité à l’air a aussi un effet considérable sur le bien-être ». Effet qui ne porte pas uniquement sur le confort thermique et l’absence de courant d’air froid en hiver : « Elle contribue également à améliorer l’acoustique et le confort d’été ».

EFFET POSITIF SUR L’ACOUSTIQUE ET LA CONDENSATION

Pour profiter pleinement des économies d’énergie grâce aux fortes isolations actuellement mises en œuvre sur les bâtiments, il est fondamental de traiter également les ponts thermiques et d’avoir une très bonne étanchéité à l’air. Il est à ce titre regrettable « que l’importance de l’étanchéité à l’air n’apparaisse pas toujours clairement dans les études en phase de conception. Sa valeur est noyée dans l’étude thermique et la mesure d’impact de ce paramètre n’est pas réalisée ».Et ce, d’autant plus que l’étanchéité à l’air constitue aussi le premier pas d’une bonne isolation acoustique, l’air et le bruit passant par les mêmes trous. De plus, « le traitement de la perméabilité à l’air permet également de supprimer les condensations. En effet, si de l’air chaud et humide passe au travers d’une paroi, cet air peut condenser au contact des éléments froids. En éliminant ces courants d’air, nous empêchons ce risque. Une bonne étanchéité à l’air apparaît donc ainsi comme la garantie d’un bâtiment de qualité ».Rappelons aussi que pour ces ouvrages à l’étanchéité à l’air renforcée, la ventilation doit être parfaitement réalisée.

 

ÉVOLUTIONS TECHNIQUES ET RÉGLEMENTAIRES

Sur le plan technique, les bâtiments avec une enveloppe métallique sont aujourd’hui matures. : « Il y a une montée en qualité de ce type d’ouvrage. On travaille maintenant sur des édifices tertiaires et commerciaux haut de gamme ».

Mais pour « passer d’un bâtiment métallique où l’étanchéité à l’air était médiocre (Q4Pa-surf de 3 à 6 m3/h.m2) à un niveau de 0,6 m3/h.m2 ou moins, comme dans notre agence de Poitiers (voir encadré), cela a exigé des changements dans les pratiques », souligne Denis Lehnen.

Jusqu’à présent, la mauvaise étanchéité à l’air de ces bâtiments générait une forte ventilation et rendait tout pare-vapeur en toiture inutile. Pour éviter toute pathologie liée au renforcement de l’étanchéité à l’air, une nouvelle réglementation impose la mise en œuvre d’un pare-vapeur pour les couvertures bac acier. Ainsi l’amendement A1 du NF DTU 43.3*, introduit fin 2017, impose un pare-vapeur pour des bâtiments dont l’exigence de perméabilité à l’air Q4Pa-surf est limitée à 1,4 m3/h.m2.

Un des points de fuite d’air important à traiter est la jonction entre toiture et façade. « Jusqu’à présent, les toitures acier sont indépendantes de la façade au niveau structure, ce qui rend très délicat le traitement de la continuité de l’étanchéité à l’air entre la toiture et la façade. Nous sommes en train d’étudier le raccordement structurel entre façade et toiture pour assurer plus facilement la continuité de l’étanchéité à l’air ».

La simplification des ouvrages est un gage de qualité. « C’est une évolution qualitative, portée par la profession, vers des bâtiments thermiquement performants, tout en gardant les qualités intrinsèques de ces modes constructifs », se félicite Denis Lehnen.

 

Agence de Poitiers : des consommations très faibles

 

SOPREMA Entreprises a, en toute logique, choisi d’optimiser la performance énergétique de ses propres bureaux et d’y appliquer ses techniques et savoir-faire. L’agence de Poitiers, construite en 2010 (et donc l’un des premiers exemples de traitement de la perméabilité à l’air sur ce type de bâtiment), répond à l’ensemble des critères RT2012. Affichant un Q4 surf de 0,18 m3/h.m2, la performance d’étanchéité à l’air y est remarquable. Pour atteindre ce résultat, conception et exécution doivent être parfaites. Dix ans après, que dit le retour d’expérience ? « La consommation énergétique pour les cinq consommations réglementaires est légèrement au-dessus des prévisions mais reste très faible, environ 42 000 kWh par an (pour 32 000 kWh/an en prévision), soit pour ce bâtiment de 1 500 m2 tout électrique moins de 4 000 €/an de consommation. C’est le prix à payer pour privilégier le confort des collaborateurs (température de consigne à 22°C, au lieu de 19°C). Il est important pour nous que les occupants gardent la maîtrise de leurs espaces de travail. Ainsi, ce sont eux qui gèrent les stores et la lumière ». Ce résultat remarquable a été atteint grâce à une enveloppe fortement isolée, une étanchéité à l’air très performante, d’importantes surfaces vitrées équipées de stores extérieurs, des luminaires performants, une ventilation naturelle automatisée mais sans pompe à chaleur (chauffage à effet joule) ni climatisation. Même sans climatisation, la température en pleine canicule y est très agréable. L’acoustique est exceptionnelle : même pendant les travaux de terrassement sur la parcelle voisine, l’activité des occupants n’a pas été perturbée. Pour finir, la lumière naturelle est omniprésente dans tous les bureaux et le dépôt. Les consommations énergétiques sont maîtrisées sans compromis sur le bien-être des utilisateurs.

Maître d’ouvrage : SOPREMA Entreprises
Maître d’œuvre : Gérard Humeau
Photo : Alain Gouillardon

 

Gymnase de Beaucouzé : un chantier de compétition

 

Le nouveau complexe sportif de la commune de Beaucouzé est composé de trois espaces : une salle omnisports de 1 500 m2 avec tribunes, une salle de basket de 820 m2 et une pour le badminton de 820 m2. Ce bâtiment est doté d’une charpente bois avec couverture multicouche sur support bac acier et bardage double peau acier en façade. Particularité : « Le maître d’œuvre, CRR Architecture, nous a demandé de tendre vers une étanchéité à l’air de Q4Pa-surf de l’ordre de 1 m3/h.m2 alors que, conformément à la réglementation, cette étanchéité à l’air est généralement de 1,7 m3/h.m2. Une première pour nous », explique Stanislas Bertho, chargé d’affaires de Soteba RSR, en charge de la construction. Pour y répondre, l’entreprise a liaisonné la membrane d’étanchéité à l’air en façade à la membrane pare-vapeur de la couverture. « Nous avons réalisé un collage à la jonction des deux membranes à l’aide d’une colle spécifique. Et la membrane en pied de bardage a été siliconée sur la longrine béton ». Résultat : « Nous atteignons 1,13 m3/h.m2 au test d’étanchéité à l’air, ce qui est très satisfaisant », précise Stanislas Bertho.

Maître d’ouvrage : Ville de Beaucouzé
Maître d’œuvre : CRR Architecture
Photo : SOTEBA-RSR

 

Le système constructif SOPREMA Entreprises pour les bâtiments métalliques labellisé « Solar Impulse Efficient Solution »

 

 

Rassembler mille solutions pour lutter contre le changement climatique, c’est l’objectif de Bertrand Piccard, aventurier et inventeur suisse, à travers sa fondation Solar Impulse et le label « Solar Impulse Efficient Solutions ». Trois critères sont pris en compte pour son obtention : la faisabilité technologique de la solution, les avantages environnementaux et socio-économiques qu’elle procure et sa rentabilité. Le groupe SOPREMA s’est vu remettre ce label pour plusieurs de ses innovations. Comme, récemment, le système constructif dédié aux structures légères pour bâtiment basse consommation, lequel affiche des performances exceptionnelles quant à la qualité de l’enveloppe, aussi bien au niveau de l’isolation sans pont thermique que de la perméabilité à l’air. Sur ce point, le traitement complet de l’enveloppe à l’aide d’un film pare-air en façade et d’un pare-vapeur en toiture, et le traitement des points singuliers permettent d’obtenir une performance exceptionnelle : Q4 Pa-surf de 0,5 m3/h.m2.